
"L'objet mingei doit être modeste mais non de pacotille, bon marché mais non fragile. La malhonnêteté, la perversité, le luxe, voilà ce que les objets mingei doivent au plus haut poinr éviter : ce qui est naturel, sincère, sûr, simple, telles sont les caractéristiques du mingei." extrait d'un texte écrit en 1933 par Soetsu Yanagi, père de Sori Yanagi. Depuis mes recherches sur Charlotte Perriand, dont Sori Yanagi a été l'assistant, je continue mes investigations sur les architectes et les designers japonais ; avec Soetsu Yanagi, Sori Yanagi et Isamu Noguchi, je tiens un bout de la pelote...
Soetsu Yanagi (1889-1961)

En 1916, nourri de l'art occidental, Suetsu se tourna vers sa culture asiatique et partit pour la Corée où il est fasciné par les poteries paysannes de la dynastie Yi. En 1924, il était l'un des fondateurs du musée d'art et d'artisanat de Séoul. Au Japon, en 1936, il initia avec des amis une collection nationale d'objets usuels et écrivit les premières lignes du projet du musée japonais de l'artisanat. Il ne parlait pas d'art mais de l'expression du peuple avec son bagage de traditions et l'aisance due à des générations de savoir-faire. Le respect exceptionnel des japonais pour l'objet artisanal est stimulé par le culte de la cérémonie du thé, marqué par l'humilité, la frugalité et la sérénité.


siège "Butterfly"
Né en 1915, Sori Yanagi concilie l'approche moderne avec ses enseignements fonctionnalistes et la sensibilité pratique qui lui a été transmise par Charlotte Perriand. A partir de 1948, il réalise des ensembles de grande diffusion, services à thé et à café en porcelaine blanche, séries de bols en acier inox. Il met au point des prototypes qui conservent la sensibilité du modelé en privilégiant la qualité du matériau et ses techniques de production et d'assemblage. Le siège "Butterfly" (conçu en 1953, réalisé en contreplaqué formé) deviendra une icône du design : facile à ranger, à stocker et monter.
Pour Sori Yanagi, premier designer d'après-guerre , il s'agit de réfléchir au rapport que le XXe siècle a établi entre la redécouverte de certains arts traditionnels et l'évolution de l'art moderne international à travers le design. En 1977, Sori Yanagi devient directeur du Musée d’art populaire japonais de Tokyo.


Isamu Noguchi (1904-1988)
Dès 1928, Isamu Noguchi s'intéresse à la lumière comme matériau de la sculpture. Visitant les fabricants de lanternes traditionnelles à Gifu, il conçoit dans leur technique une série de lampes qui transforment son concept de sculpture-lumière en objet d'usage quotidien, bientôt mondialement reconnu.


Sa collection de lampes Akari, mot qui signifie en japonais "lumière et légèreté", associe la technique traditionnelle japonaise de la fabrication du papier de mûrier aux formes organiques de ses sculptures. Isamu Noguchi conçoit des céramiques, des verreries, des décors de scène, des espaces publics, urbains ou paysagers...

Dès 1950, il travaille avec Isamu Kenmochi ; ils conçoivent ensemble le Kashiwado. Ce fauteuil est un objet d'art qui est construit en plusieurs semaines. Les artisans coupent d'abord plusieurs blocs des racines d'un cèdre japonais, le Sugi. Les blocs sont sculptés et déposés les uns sur les autres avec une procèdure particulière puis il est poli et enduit. Ce fauteuil fait partie de la collection permanente de la collection d'art moderne du musée d'art de Philadelphie.
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