J'ai vécu 18 ans à Lyon et j'ai visité souvent le quartier des "Gratte ciel" de Villeurbanne pour des raisons familiales. Ce quartier m'a tout de suite intéressée comme le projet cohérent, urbanistique et social dont il procédait. C'est pourquoi j'ai envie d'en parler sur ce blog.
En effet, en 1930, la décision fut prise, par le maire de l’époque, Lazarre Goujon, socialiste, d'améliorer l'hygiène d'une déjà grande ville de banlieue, et de construire en hauteur avec de larges allées : ce fut l'origine des fameux "gratte-ciel", les premiers en France, offrant plus de 1 400 logements en centre-ville et accompagnés d'une maison du peuple, d'un palais du travail, d'un superbe hôtel de ville au beffroi de 65 m, d'un central téléphonique, et d'un chauffage urbain, (projet typique du « socialisme municipal »), oeuvres de Môrice Leroux, Tony Garnier et Robert Giroud.
L’opération commence avec un concours pour la construction du Palais du Travail. Le jury, présidé par Tony Garnier, choisit un jeune inconnu, Môrice Leroux.. Son bâtiment, simple, géométrique et fonctionnel, ressemble, selon les vœux du maire de l’époque, à un « véritable temple laïc destiné à l’éducation intégrale de la classe ouvrière.». Le maire veut « changer la ville pour changer la vie", (c'est encore le rêve de certains urbanistes)...
Les constructions hautes, avec leurs terrasses en gradin, apportaient aux habitants ce qui leur manquait le plus à l’époque : l’air, la lumière et le confort le plus moderne (vide-ordure, ascenseurs, centrale thermique pour distribuer le chauffage urbain). Des « traversières » relient tous les immeubles au second niveau. Paradoxalement, en 1940, beaucoup de logements étaient encore vides, les symboles de modernité de ces tours à la "Rockfeller Center" intimidaient les familles de culture ouvrière, les loyers étaient chers et peu de commerçants s'y installaient. Pourtant, cet ensemble architectural deviendra aussitôt une référence pour les architectes du monde entier.
à droite, Rockfeller Center
Les 2 premières photos proviennent des recherches effectuées par David Liaudet ;
vous pouvez les retrouver sur son
vous pouvez les retrouver sur son
Aujourd'hui, après une opération de réhabilitation, isolation thermique de la façade et phonique du sol, cloisons et plafonds des parties communes, installation d'un sas dans le hall d'entrée et des interphones, mise aux normes des installations d'eau, de gaz et d'électricité, les gratte ciel restent très attractifs, la création du métro, qui dessert le quartier et au delà, n'y est pas étranger. Je n'ai hélas trouvé aucun document sur la gestion de ce parc de logements (loyers, répartition des charges collectives...) ni sur les stratégies de remplacement des locataires partants.
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