2021-03-21

Fernand Pouillon

Le 8 janvier 2010, le cinéma d'art et d'essai de Pau, a programmé un film sur cet architecte mondialement connu, qui a marqué son époque malgré un parcours plein de revers. Ce film a été réalisé par Christian Meunier, il s'intitule tout simplement "Fernand Pouillon, le roman d'un architecte". Je ne pouvais pas laisser passer l'occasion qui m'est ainsi donnée d'en parler sur ce blog.
Je commencerai par vous parler d'une actualité encore récente, le soutien de Claude Parent et de centaines d'autres architectes, pour la sauvegarde de la station sanitaire de Marseille qui est menacée de destruction :














Claude PARENT : "La vie tumultueuse de Fernand Pouillon a fait de cet architecte exceptionnel un personnage de roman qui oblitère beaucoup trop et injustement son talent. Dans tous les domaines il a mené des combats violents pour l’architecture, afin d’en modifier les codes de l’époque et souvent aussi son manque d’imagination. Quand on visite mentalement ses constructions on découvre toujours un positionnement qui lui est propre, traitant chaque problème d’une façon particulière. Ainsi ce sont surtout les TRACES de Fernand Pouillon qu’il faut analyser, traces très visibles et significatives, que l’on relève tout au long de ses incur-
sions en Algérie, en France, en Iran, etc… Ce jeu de pistes révèle mieux qu’un livre la façon personnelle de l’artiste d’envisager l’architecture. En effacer une ou plusieurs serait malvenu, car cette action introduirait la confusion dans son travail. Alors pourquoi commencer cette destruction par la pierre sauvage de Marseille, peut-être la première et la plus modeste. Ne rompons pas ce cheminement qui a du sens, malgré des hauts et des bas chez cet architecte hors mesure". Paris, le 4 avril 2009.

En 1968, il publie, aux Editions du Seuil, Mémoires d'un architecte. Dans les années 60 Fernand Pouillon connaît en effet de sombres jours suite à une affaire de participation financière dans une société de promotion immobilière. Il effectuera un séjour en prison, il est ruiné et radié de l'ordre des architectes. Ce livre qu'il écrit lui donne l’occasion d’exprimer sa version des faits sur les évènements passés. Mais, je ne m'attache pas aux péripéties de sa vie foisonnante de rebondissements, d'énergie et de travail.
Ce que j'aime chez cet architecte, c'est qu'il sait parler du bien-être des habitants et son exigence de qualité des matériaux, son travail sur la verticalité et, côté personnalité, son non-conformisme, et son énergie. La seule construction que je connaisse est la résidence Jules Ferry à Montrouge, située à quelques centaines de mètres de la résidence du Stade Buffalo qui a été réalisée en même temps...
















C'est un ensemble de 466 logements qui sont distribués autour de cinq espaces très différents, ce qui réduit la densité visuelle. Le travail sur les proportions en plan et en hauteur aboutit à une perception de la hauteur, bien différente de la hauteur réelle.
Jacques Lucan dans son ouvrage " Fernand Pouillon architecte " aux éditions Pavillon de l'Arsenal et Picard, 2003, parle d'une construction très complexe : "Les bandeaux filants à chaque hauteur d'étage, récurrents dans l'œuvre de Fernand Pouillon, créent des lignes fuyantes qui agrandissent l'espace. Ce principe est porté à son comble avec la mise en œuvre sur les immeubles R+7 d'un balcon filant au 5ème étage qui se raccorde visuellement à la corniche en débord des immeubles R+4. La véritable hauteur du bâti est ainsi masquée, et la lecture rapide et inconsciente de la hauteur d'immeubles n'est pas la réalité". Cet ensemble est bien entretenu, mais je n'ai pu l'admirer que de l'extérieur.

J'aimerais rencontrer, comme on rencontre une personne, le Conservatoire Jacques Ibert, construit à Marseille en 1987(Fernand Pouillon est rentré en France en 1984).
La pierre, le travail sur l'horizontalité et la verticalité, les cassures, les angles, tout me plait dans cette construction, excepté le traitement de l'entrée...
















Cette page est en construction, sans jeu de mots, et elle restera indigente tant que je n'aurai pas vu, en Algérie, quelques-uns des bâtiments parmi plusieurs centaines réalisées, des hôtels, des complexes touristiques, des préfectures, des bureaux de postes, des cités universitaires...toute une aventure !.

1 commentaire:

Pergame a dit…

J'avais commencé à lire "Mémoire d'un architecte jadis". Le début du livre est formidable qui raconte son évasion de la prison de la Santé.
J'ai vécu longtemps à Boulogne-Billancourt où Pouillon a réalisé un très grand ensemble de logements investis aujourd'hui par cette frange de populations que l'on dénomme - par facilité peut-être - les "bobos". J'avais eu l'occasion de diner plusieurs fois dans ces appartements dont les locataires disaient le plus grand bien. A signaler également un soin particulier pour le traitement des espaces entre le bâti.