2006-06-06

Jean Prouvé

Jean Prouvé-n'était pas seulement un architecte, un ingénieur ou un technicien; s'il était un peu tout cela, il se voulait avant tout constructeur. Fils de l'artiste lorrain Victor Prouvé, petit-fils de Gengoult Prouvé qui travaillait dans les industries d'art, Jean est né à Paris en 1901, mais passa sa jeunesse à Nancy. Son père était un artiste au sens le plus complet du terme, un des fondateurs de l'École de Nancy, créateur de l'école des Beaux-Arts de cette ville.
Jean Prouvé, c'est aussi l'homme qui, suivant la tradition familiale se voulait "ouvrier" au sens le plus noble du terme, c'est-à-dire en relation directe avec la matière. Forgeron, serrurier, ferronnier d'art, il est passé de la forge et l'enclume à l'intimité avec la matière métallique, puis à la production industrielle.
En 1929, il créé "Les Ateliers Jean Prouvé". Il ouvre après guerre sa propre usine, entreprise dont Pechiney deviendra l’actionnaire majoritaire en 1953.
En 2007, pour son nouvel accrochage, le Musée national d'art moderne a consacré une salle du cinquième étage à Jean Prouvé. On pouvait y admirer maquettes, meubles et croquis et la Maison tropicale de 1951, installée sur la terrasse sud.
La grande idée de Prouvé a en effet longtemps été de produire du « prêt-à-habiter », logements en métal fabriqués en série comme des voitures. Après la Seconde Guerre mondiale, il a ainsi conçu des maisons en kit, peu chères et rapides à installer. Une version de cet habitat était alors spécialement adaptée aux colonies et trois prototypes avaient pris la direction de l'Afrique pour être montés à Brazzaville et Niamey.
Le musée Beaubourg, a toujours entretenu un lien fort avec Jean Prouvé.
En 1954, il reprend son indépendance, crée un atelier de design à Paris et construit sa maison sur les hauteurs de Nancy. Un peu plus tard, il fonde "Les Constructions J.Prouvé.
Commandé par l'Aluminium Français à l'occasion du centenaire de l'aluminium, "le pavillon de l'aluminium" a été conçu par Jean Prouvé à Paris en 1954 pour abriter une usine de fabrication de l'aluminium.
Le cabinet Franklin Azzi Architecture qui l'a reconstruit à l'identique nous en donne une description très précise :"le bâtiment comportait cent quatorze fermes de charpente métallique et possédait une couverture de "tuiles" en feuille d'alliage fin. Les façades étaient formées de panneaux de glaces ou de tôles d'aluminium. En 1999, le pavillon est remonté dans le parc des expositions de Villepinte près de Paris. Après restauration, un nouvel édifice de 90 m de long est reconstitué à partir de toutes les pièces disponibles. Cette dernière reconstruction vérifie les qualités constructives de cette architecture "mobile". Le mode de conception instauré par Jean Prouvé nous a permis de remonter la structure dans un délai court (2 mois)".

Dans le domaine du mobilier, ses créations sont marquées par une esthétique industrielle de constructeur qui lui est propre. Ce chercheur n’a eu de cesse d’étudier les possibilités offertes par les matériaux comme l’acier, la tôle et l’aluminium.
1930, fauteuil créé pour la Cité universitaire de Nancy : piètement en tôle d’acier pliée.










La chaise standard, fabriquée en grande série, fait partie de l'exposition de l'oeuvre de Jean Prouvé au MoMA de New York qui court jusqu'au 30 mars 2009.
La fin de la carrière de Prouvé est marquée par l'expérimentation de nouvelles matières ou de composants ainsi que par plusieurs projets trop audacieux pour être réalisés, mais qui apportent à son œuvre une dimension urbanistique (siège du Ministère de l'Education Nationale, avec Belmont et Swetchine, 1970 ; station d'Arc 2 000, avec Hayama et Binotto, 1970).

LIEN : Monsieur Design: Jean Prouvé : Pavillon démontable, 1944-45

1 commentaire:

Pergame a dit…

J'ai encore un peu de mal avec Jean Prouvé, non pas dans la reconnaissance de la qualité humaine du personnage et de sa démarche, mais dans l'émotion que je retire des objets de sa production. Le "less is more" qu'il adopte en quelque sorte, me touche moins que celui d'un Mies, de Zumthor, d'Ando ou Kengo Kuma. C'est certainement parce que je suis ingénieur moi-même et que je recherche moins une "vérité constructive" qu'une poésie de la construction. Quel débat !