A Tiébélé, j'ai découvert l'architecture Kasséna, du nom du pays et du nom de l'ethnie. Tiébélé est situé dans le sud du Burkina Faso près de la frontière ghanéenne. Nous avons pris la seule piste qui y mène à parir de Pô, capitale de la province. Pour visiter l'ensemble de la concession, un guide nous accompagne, nous payons 2000 francs CFA de droit d'entrée ; le ticket mentionne "sauvegarde du patrimoine culturel de Tiébélé", et j'ai appris qu'il existait un Festival annuel de la Culture et des Arts de Tiébélé (Faa-Can Dia). Le guide nous emmène dans un labyrinthe de ruelles et maisons "fortifiées" ; en effet, autrefois les Kassena étaient souvent attaqués, et l'entrée des maisons rondes est très basse, d’environ 50 cm. Avant d’entrer dans la chambre principale, il faut surmonter un mur de 50 cm qui se trouve immédiatement derrière l’entrée. Il permettait au guerrier Kassena de repousser l'envahisseur mais aussi les bêtes sauvages...Les cases sont peintes chaque année par les femmes en 3 couleurs, le noir, de la pierre volcanique, le rouge brun, de la terre, le blanc, du calcaire. Des symboles y figurent, l'objet le plus représenté, la calebasse, et les interdits...
L'intérieur de la maison est exigu, chaque ustensile a sa place , les nattes serrées sont suspendues au plafond, on se baisse et on se plie en quatre pour passer dans la cuisine avec son foyer et sa cheminée avec une construction de terre devant le foyer qui symbolise les jambes de la femme...
L'intérieur de la maison est exigu, chaque ustensile a sa place , les nattes serrées sont suspendues au plafond, on se baisse et on se plie en quatre pour passer dans la cuisine avec son foyer et sa cheminée avec une construction de terre devant le foyer qui symbolise les jambes de la femme...
Dans un coin, une plateforme avec des mortiers et juste au-dessus, une ouverture dans le toit pour éclairer le travail qu'on recouvre en cas de pluie...Devant chaque maison, il y a une petite cour en légère pente avec un trou bouché par une balle de savon ; il s'agit d'un réservoir qui reçoit les eaux usées après les travaux ménagers ; quand il est plein, on soulève une petite dalle, on vide le réservoir et on répand son contenu dans les champs comme engrais !
Les cases en huit sont les toutes premières maisons Kassena. Ces maisons "mères" abritent l'esprit des ancêtres. C'est pour cette raison que les personnes âgées, considérées comme les plus initiées, habitent ces maisons. La grand-mère en particulier à pour rôle d'éduquer ses petits enfants aux coutumes et traditions ancestrales Kassena. Les jeunes hommes et les couples habitent dans les maisons rectangulaires.
Sur les toits-terrasses on sèche les céréales et on y dort pendant la saison sèche. Quand un garçon devient adulte, il se construit une nouvelle maison rectangulaire. Souvent, quand quelqu’un meurt, sa maison n’est pas réparée après les dégâts de la saison des pluies et la maison tombe alors en ruine. Ainsi, une concession Kassena se transforme toujours. Quand une fille devient adulte, elle s’installe dans la concession de son mari.
La cour royale du chef de Tiébélé tient un prestige particulier auprès des autres villages et des autres chefferies de la région. Le "Pourrou", ou le tas d'immondice, qui se trouve devant l'entrée de la case royale, est chez tous les Kassena un tas sacré à l'intérieur duquel sont enterrés les placentas de ceux qui sont nés dans la cour du chef. De fait, c'est à son sommet que "celui qui tape le tambour" vient annoncer les nouvelles aux habitants du village. Le "pourrou" de Tiébélé est particulièrement grand, il atteste que la cour royale existe depuis longtemps de même que la famille du chef est conséquente.
L'Association pour le Développement de Tiébélé a mobilisé la population de Tiébélé ; ils inventent ensemble des solutions pour la préservation de ce patrimoine vivant qui chaque année est rénové, réhabilité et même enrichi. En particulier, les peintures murales qui subissent une dégradation naturelle (pluie, vent, poussière...) doivent régulièrement être refaites.
Les deux dernières photos et celles qui suivent photos qui suivent sont extraites du site du gouvernement sur le pays Kassena :
http://www.kassena.gov.bf/textes/habitat_traditionnel.htm
http://www.kassena.gov.bf/textes/habitat_traditionnel.htm
J'ai découvert ce matin un blog réalisé par un photographe, Axel Derriks, qui m'intéresse beaucoup, par les thèmes, par le choix du noir et blanc, par ses cadrages... http://axelderriks2.blogspot.com/2008/04/architecture-kassena.html
1 commentaire:
Merci pour toutes ces explications. Quand j'y étais allé (en 1981 !) j'étais passé à côté de tout ça, mais pas de la beauté des peintures sur ces cases.
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