Pourquoi parler de Shigeru Ban après Jean Nouvel ?
Si les tubes en carton identifient l’architecture de S.B., celle-ci n’est pas réductible à l’utilisation d’un matériau ; ce qui est important, c'est qu'il sait percevoir et exprimer les conditions complexes et différentes de chacun de ses projets et en cela, il me semble que sa démarche se rapproche de celle de Jean Nouvel. Ces deux architectes ne partent pas d'une idée à priori du logement...
Mais revenons à l'abri d'urgence en carton ; il est vrai que cette invention a attiré mon attention sur cet architecte. Face aux structures en béton armé effondrées, il propose un matériau simple, peu coûteux et recyclable (ce faisant, il se positionne contre le gaspillage de l'industrie de la pâte à papier) ; il se libère ainsi des certitudes anciennes et du système actuel de construction et financement de l'habitat...Mais cette attitude n'est pas liée à l'évenement du séisme de Kobé, il semble qu'à chaque projet, Shigeru Ban interroge le processus de création architecturale et la place de l'architecture dans la société.
S.B. traite le problème de l’abri d’urgence à un niveau global, faisant appel à des financements du HCR, à des coopérations techniques avec des spécialistes de différents pays, au volontariat des habitants de Kobé.
Ainsi, on ne peut le définir seulement comme un acteur social, il est aussi un concepteur formaliste et un créateur de nouveaux matériaux. C’est aussi une éthique architecturale nouvelle qui le caractérise et qu’il développe dans tous les contextes où il intervient.
Exemple, la maison bambou réalisée en Chine en 2002 , c'est Shigeru Ban qui explique :
"Le site du projet de maison sur la montagne avec vue sur la Grande Muraille de Chine était plutôt sauvage que sophistiqué. Quand je suis arrivé sur ce site, j'ai imaginé une petite maison autour d'une cour assez grande, comme le style vernaculaire des maisons chinoises. En quittant le site, j'ai visité la ville de Beijing, où un certain nombre de fournisseurs de matériaux ouvrent des magasins. Peut-être parce que peu de structures de bois sont utilisés pour la construction en Chine aujourd'hui, les types de bois d'œuvre disponibles étaient limités, et je n'ai même pas pu trouver une structure en contre-plaqué ; mais une sorte de contre-plaqué a attiré mon regard par sa couleur sang. En regardant de plus près, j'ai découvert qu'il s'agissait de fines lamelles de bambou tissées en plaques. On m'a dit que ce contre-plaqué en bambou est utilisé généralement pour faire des cadres. Si le bambou peut être fait en contre-plaqué, j'ai pensé, qu'alors, il serait possible de stratifier des bandes de bambou pour des poutres. Jusqu'alors, je n'avais pas été très intéressé par le bambou, qui a été utilisé pendant de nombreuses années en Asie et en Amérique du Sud en tant que matériau de construction. La raison en est que l'unique architecte qui a réussi à utiliser le bambou comme matériau de structure primaire dans l'architecture contemporaine est l'architecte colombien Simon Velez, qui a coulé dans le béton des tubes de bambou comme élément de structure. C'est tout simplement parce que la nature du matériau - sa tendance à éclater quand il est sec, ses dimensions et sa petite épaisseur- en font un matériau difficile à utiliser pour la structure. Mais, par la stratification du bambou avec un certain type de colle sous environnement contrôlé, des matériaux stables de construction peuvent être fabriqués avec des bandes de bambou. Avec l'aide d'une usine locale de bambou, nous avons fabriqué un échantillon de poutre de bambou stratifié que nous avons porté à ébullition et avons testé sa flexibilité en suivant les standards fixés par le ministère de l'Agriculture, des Forêts et des Pêches du Japon. Le résultat de ces tests ont montré que le bambou avait une résistance située entre celle de l'acier et du bois. Autre fait à considérer dans la conception, c'était que la gestion du projet serait assurée par le client lui-même en raison de la distance du site du projet et son budget limité. Pour réduire le poids de la gestion de la construction , j'ai décidé de faire mes "modules maison" , un système de construction modulaire préfabriqué, que j'ai développé depuis quelques années, à partir de poutres laminé en bambou. Le feuilleté de bambou a été utilisé pour les unités de l'ossature et les poutres aussi bien pour l'intérieur que l'extérieur. Le concept était merveilleux. Mais, en réalité, nous n'avions aucune chance de trouver un fournisseur de matériel et des fabricants avec des compétences et les capacités de production nécessaires et il était impossible de fabriquer des pièces de façon artisanale avec des coûts raisonnables. En plus, avec les problèmes de communication tout au long du projet, la construction n'a pas été exécutée comme prévu, et l'achèvement a été retardé considérablement. Encore aujourd'hui, la porte d'entrée n'a pas été installée comme je l'avais conçue, et l'eau dans la cour n'a pas été installée comme prévu. Ce projet a rencontré de nombreux problèmes que je n'avais pas prévus, cependant, ce fut une expérience honorable, qui nous a permis d' explorer le grand potentiel de la Chine avec une croissance remarquable de Redstone Industrie. It was also a wonderful opportunity to begin the development of laminated bamboo, which I believe to have great prospect. Ce fut également une excellente occasion de commencer le développement du bambou stratifié qui, je crois, a un grand avenir."
(Extrait du site officiel de S.B. traduit par mes soins)
Si les tubes en carton identifient l’architecture de S.B., celle-ci n’est pas réductible à l’utilisation d’un matériau ; ce qui est important, c'est qu'il sait percevoir et exprimer les conditions complexes et différentes de chacun de ses projets et en cela, il me semble que sa démarche se rapproche de celle de Jean Nouvel. Ces deux architectes ne partent pas d'une idée à priori du logement...
Mais revenons à l'abri d'urgence en carton ; il est vrai que cette invention a attiré mon attention sur cet architecte. Face aux structures en béton armé effondrées, il propose un matériau simple, peu coûteux et recyclable (ce faisant, il se positionne contre le gaspillage de l'industrie de la pâte à papier) ; il se libère ainsi des certitudes anciennes et du système actuel de construction et financement de l'habitat...Mais cette attitude n'est pas liée à l'évenement du séisme de Kobé, il semble qu'à chaque projet, Shigeru Ban interroge le processus de création architecturale et la place de l'architecture dans la société.
S.B. traite le problème de l’abri d’urgence à un niveau global, faisant appel à des financements du HCR, à des coopérations techniques avec des spécialistes de différents pays, au volontariat des habitants de Kobé.
Ainsi, on ne peut le définir seulement comme un acteur social, il est aussi un concepteur formaliste et un créateur de nouveaux matériaux. C’est aussi une éthique architecturale nouvelle qui le caractérise et qu’il développe dans tous les contextes où il intervient.
Exemple, la maison bambou réalisée en Chine en 2002 , c'est Shigeru Ban qui explique :
"Le site du projet de maison sur la montagne avec vue sur la Grande Muraille de Chine était plutôt sauvage que sophistiqué. Quand je suis arrivé sur ce site, j'ai imaginé une petite maison autour d'une cour assez grande, comme le style vernaculaire des maisons chinoises. En quittant le site, j'ai visité la ville de Beijing, où un certain nombre de fournisseurs de matériaux ouvrent des magasins. Peut-être parce que peu de structures de bois sont utilisés pour la construction en Chine aujourd'hui, les types de bois d'œuvre disponibles étaient limités, et je n'ai même pas pu trouver une structure en contre-plaqué ; mais une sorte de contre-plaqué a attiré mon regard par sa couleur sang. En regardant de plus près, j'ai découvert qu'il s'agissait de fines lamelles de bambou tissées en plaques. On m'a dit que ce contre-plaqué en bambou est utilisé généralement pour faire des cadres. Si le bambou peut être fait en contre-plaqué, j'ai pensé, qu'alors, il serait possible de stratifier des bandes de bambou pour des poutres. Jusqu'alors, je n'avais pas été très intéressé par le bambou, qui a été utilisé pendant de nombreuses années en Asie et en Amérique du Sud en tant que matériau de construction. La raison en est que l'unique architecte qui a réussi à utiliser le bambou comme matériau de structure primaire dans l'architecture contemporaine est l'architecte colombien Simon Velez, qui a coulé dans le béton des tubes de bambou comme élément de structure. C'est tout simplement parce que la nature du matériau - sa tendance à éclater quand il est sec, ses dimensions et sa petite épaisseur- en font un matériau difficile à utiliser pour la structure. Mais, par la stratification du bambou avec un certain type de colle sous environnement contrôlé, des matériaux stables de construction peuvent être fabriqués avec des bandes de bambou. Avec l'aide d'une usine locale de bambou, nous avons fabriqué un échantillon de poutre de bambou stratifié que nous avons porté à ébullition et avons testé sa flexibilité en suivant les standards fixés par le ministère de l'Agriculture, des Forêts et des Pêches du Japon. Le résultat de ces tests ont montré que le bambou avait une résistance située entre celle de l'acier et du bois. Autre fait à considérer dans la conception, c'était que la gestion du projet serait assurée par le client lui-même en raison de la distance du site du projet et son budget limité. Pour réduire le poids de la gestion de la construction , j'ai décidé de faire mes "modules maison" , un système de construction modulaire préfabriqué, que j'ai développé depuis quelques années, à partir de poutres laminé en bambou. Le feuilleté de bambou a été utilisé pour les unités de l'ossature et les poutres aussi bien pour l'intérieur que l'extérieur. Le concept était merveilleux. Mais, en réalité, nous n'avions aucune chance de trouver un fournisseur de matériel et des fabricants avec des compétences et les capacités de production nécessaires et il était impossible de fabriquer des pièces de façon artisanale avec des coûts raisonnables. En plus, avec les problèmes de communication tout au long du projet, la construction n'a pas été exécutée comme prévu, et l'achèvement a été retardé considérablement. Encore aujourd'hui, la porte d'entrée n'a pas été installée comme je l'avais conçue, et l'eau dans la cour n'a pas été installée comme prévu. Ce projet a rencontré de nombreux problèmes que je n'avais pas prévus, cependant, ce fut une expérience honorable, qui nous a permis d' explorer le grand potentiel de la Chine avec une croissance remarquable de Redstone Industrie. It was also a wonderful opportunity to begin the development of laminated bamboo, which I believe to have great prospect. Ce fut également une excellente occasion de commencer le développement du bambou stratifié qui, je crois, a un grand avenir."
(Extrait du site officiel de S.B. traduit par mes soins)
Pour les photos, je me réfère aussi à son site dans lequel Shigeru Ban présente ses réalisations et ses projets. Il a beaucoup construit, des usines, des stations de métro, des logements, des églises, des écoles, des musées dont un musée temporaire sur le logement à NewYork créé en 2005. (www.shigerubanarchitects.com/ )
Il a construit aussi en France et si on peut parler de minimalisme pour la réalisation du Nomadic Museum, on peut s'y référer aussi pour le Centre d'interprétation du Canal de Bourgogne, construit à Pouilly-en-Auxois. C'est la 1ère phase d'un grand complexe culturel dédié à l'histoire du «Canal de Bourgogne", qui comprend également un petit musée. Le petit musée est un lieu pour voir les expositions et organiser des activités pédagogiques. Son bâtiment est une boîte en verre transparent, ouvert sur le paysage environnant. Sa structure repose un plateau aux angles métalliques.
Cette autre réalisation, une maison en tubes de carton, témoigne aussi d'un esprit minimaliste. C'est le premier projet de logement durable qui a été accepté au Japon en 1995 . Une colonne en tubes de papier de 1,2 m de diamètre, située dans la galerie extérieure, contient les toilettes. Le "living" est équipée d'une cuisine -comptoir et de portes coulissantes.La maison de thé ci-dessous a été crée à Londres en 2008.
En 2002, Arc en rêve, Centre d'architecture à Bordeaux, a consacré une grande exposition au travail de cet architecte japonais. Voici la présentation qui en était faite : "En s’appuyant sur une sélection de projets de référence et sur les projets récents, la scénographie, conçue par Michel Jacques, revisite l’œuvre de Shigeru Ban à travers les thèmes papier-carton, projets récents, maisons, mobiliers et architecture de l’urgence. Économie de moyens, économie de matière et recherche de nouvelles utilisations des matériaux existants donnent à l’architecture de Ban une extrême légèreté, un confort immédiat avec le souci constant de répondre au besoin essentiel d’habiter." Mais j'ai manqué cette expo !
La Sagaponac House, ci-contre, construite à Long Island en 2006, est fondée sur le plan de Ludwig Mies van der Rohe (la Brick Country House, 1924), réinterprétée selon le programme, la structure et le site. Elle me fait penser aussi à une maison de Frank Lloyd Wright que j'ai présentée dans une autre page de ce blog...
Quelques repères :
Shigeru Ban est né à Tokyo en 1957.Il fait ses études d’architecture à la Sci-Arc (Los Angeles) et à la Cooper Union (New York) avant de travailler dans l’agence de Arata Isozaki à Tokyo. En 1985, il ouvre sa propre agence d’architecture. Entre 1995 et 2000, il a été professeur-invité dans de nombreuses universités au Japon et aux États-Unis. En 1995, sa proposition d’abris préfabriqués pour le Rwanda est adoptée par les Nations Unies. Depuis 2001, il est professeur à l’université de Keio au Japon. Le travail de Shigeru Ban a été récompensé à plusieurs reprises, notamment avec le Grand Prix d’Architecture de Kansaï en 1996 et avec le prix du Meilleur Jeune Architecte du Japon en 1997 et le prix de l’Architecture mondiale en 2001 pour le pavillon du Japon à l’Exposition universelle 2000 à Hano.
Shigeru Ban est né à Tokyo en 1957.Il fait ses études d’architecture à la Sci-Arc (Los Angeles) et à la Cooper Union (New York) avant de travailler dans l’agence de Arata Isozaki à Tokyo. En 1985, il ouvre sa propre agence d’architecture. Entre 1995 et 2000, il a été professeur-invité dans de nombreuses universités au Japon et aux États-Unis. En 1995, sa proposition d’abris préfabriqués pour le Rwanda est adoptée par les Nations Unies. Depuis 2001, il est professeur à l’université de Keio au Japon. Le travail de Shigeru Ban a été récompensé à plusieurs reprises, notamment avec le Grand Prix d’Architecture de Kansaï en 1996 et avec le prix du Meilleur Jeune Architecte du Japon en 1997 et le prix de l’Architecture mondiale en 2001 pour le pavillon du Japon à l’Exposition universelle 2000 à Hano.
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